Des motivations

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Il y a quelques jours je suis re-tombé sur cette photo. Ça fait déjà quelque temps que je réfléchi à aborder cette période de ma vie sur les réseaux… Non pas pour me faire plaindre ou me faire féliciter, honnêtement je m’en branle.
Si j’ai décidé de montrer cette photo aujourd’hui c’est surtout parce que je me suis rendu compte que pour beaucoup de personnes, les réseaux sociaux sont une façon de trouver de la motivation à travers l’expérience des autres ou un exutoire.
Si ma vie et mon parcours peuvent aider quelqu’un, quelque part, alors j’aurais peut-être fait quelque chose de positif en plus dans ma vie.

Voilà ce qu’il y a derrière cette photo :

J’ai été un enfant obèse.
Aussi loin que je m’en souvienne, mon enfance et mon adolescence, jusqu’à mes 17 ans, ont été ponctuées de « gros sac », « sac à merde », « roule roule y’a des frites à la cantine ».
Pendant très longtemps j’ai eu honte de cette période, honte de l’état dans lequel j’était, honte de l’image que je renvoyai, parce qu’après tout, derrière le poids il y avait un enfant, un enfant qui voulait juste être accepté comme il était.
Ce surpoids a été une source de honte en soi, certes, mais ce qu’il a impliqué dans mes relations avec les autres n’a pas aidé non plus.
Quand tu es enfant, essayer de plaire par ta personnalité, ton « humour », c’est mission quasi-impossible. Tu reste le « petit gros marrant », celui qui fini en heure de colle parce qu’il a voulu faire rire la classe, à défaut de lui plaire.
Et puis il y aussi le regard condescendant et les remarques des adultes qui t’entourent.
Celui de ton maitre en primaire qui à pitié de toi et qui te le dit, ce même maitre qui attendra que tu sois absent pour dire à tes camarades « Vous savez Tim est gros, il a des problèmes, ses parents n’ont pas beaucoup d’argent, du coup il ne mangent que des patates, c’est pour ça qu’il est gros » te valant des regard plein de tristesse et de pitié de la part de tes camarades et de leurs parents.
Quelques années plus tard, ce sera la directrice du collège qui me traitera de « Gros tas fainéant » devant le regard vitreux de mon père, finissant son discours par un « tu n’as pas d’amis ici et tu n’en auras jamais ». Cette même directrice qui quelques années plus tard se félicitera du « travail accompli » sur moi devant mes camarades de classe.

L’arrivée au lycée

Comme vous vous en douté, ma vie sentimentale était à ce moment là catastrophique. En tout cas, suffisamment pour me valoir le surnom de « râteau-man » (ça tombe bien, j’adore les comics). Et puis tout le monde commence à être en couple et la pression du dépucellage se fait de plus en plus forte. Tous mes amis y sont passés, pas moi, je suis toujours le « bon (gros) pote », celui avec qui les filles préfèrent « rester ami », la friend zone, j’y suis abonné.
Et arrive enfin le coup de grâce, celui qui me fait réaliser la situation. Ce coup de grâce arrive sous la forme d’un professeur d’histoire géographie. Il me fera passer pour le bon « gros con », l’obèse idiot de service. Ce professeur qui, un jour, me prendra en rendez-vous pour dire « Vous savez Tim, ça ne sert à rien de continuer à vous battre, je ne vous laisserai pas aller en première, vous finirez en BEP, éboueur devrait être une bonne carrière pour vous. »
Pas d’amis dignes de ce nom, pas de copine, pas de soutient du corps professoral… Le collège / lycée c’est vraiment de la merde au final.
Toutes ces épreuves ont indubitablement amené à une aversion envers le système scolaire, amenant elle même à une déscolarisation complète durant deux ans et demi.
Deux ans et demi qui m’auront permis de sortir de tout ça, de sortir de ce cercle sans fin de négativité, d’image pourrie de moi-même.
Deux ans et demi qui m’auront permis de devenir celui que je voulais être, physiquement et psychologiquement.
Cette période aura vu mon poids s’en aller, des sentiments se créer, des amours se former, une fierté naître, un nouvel objectif professionnel se dessiner, un nouvel homme en sortir.
Evidemment ça n’a pas été facile, il m’aura fallu tirer un trait sur toutes les personnes qui se servaient de moi comme faire-valoir (et oui, quand tu es « le gros de la bande » les autres sont tout de suite beaucoup plus attirants à côté de toi), expérimenter mes premières peines de coeur, me rendre compte que sans diplôme je n’arriverai pas à atteindre mes objectifs etc…

Et malgré tout ça, j’y suis arrivé (putain)

J’ai enfin découvert ce que ça faisait de me regarder dans un miroir et d’être fier. Fier de mon parcours, des épreuves, fier de mon physique, fier de voir le regard heureux de mes parents et de ceux qui m’ont soutenu tout au long de ces années de merde. Fier d’avoir repris les cours, d’avoir passé mes diplômes, d’avoir trouvé l’amour (et perdu et trouvé et perdu et trouvé…), fier d’avoir atteint mon objectif professionnel. Bref, j’ai enfin découvert ce que ça faisait et putain qu’est-ce que c’était cool !

Si tu es arrivé jusque là, sache ceci :

Parfois dans la vie tu vas passer par des étapes difficiles, les gens autour de toi te feront mal, ils t’insulteront, te frapperont physiquement et psychologiquement, tu te sentiras seul, parfois abandonné. Tu auras envie de pleurer, d’insulter le monde, la vie. Tu pleureras et tu insulteras la vie, tu en voudras aux gens et à toi même.
Tu t’en voudras de tes choix, de ceux qu’on a fait pour toi, de ceux que la vie t’a imposé.
Parfois tu auras l’impression que personne ne te comprend, que personne n’a la moindre idée de ce que tu es en train de traverser, que le poids est trop lourd pour toi.
Tu auras peut-être même envie de tout arrêter, de tout lâcher, de te laisser partir, tu n’en pourras plus.
Surtout, ne le fait pas.
Ça peut paraître bateau, mais là où il y a de l’ombre il y a de la lumière. À toi de la chercher, à toi de te battre pour la trouver, pour trouver ce petit quelque chose qui te donne la force d’avancer, de faire tes propres choix et d’arrêter de te laisser porter. Cette petit lumière peut prendre tellement de formes, d’une rencontre, à un déménagement, en passant par un sport ou juste un choix de changement… Il n’incombe qu’à toi et toi seul, de trouver ta « pensée positive ».
Tu verras, une fois la tristesse passée, la rancoeur effacée, les blessures cicatrisées, tu te relèveras. Tu seras plus fort, plus sûr de toi, plus confiant en la vie. Tu auras traversé tout ça et tu seras fier de ton parcours, tu seras fier de tes propres choix, de la vie que tu as choisi de te construire. Tu seras enfin fier de toi. N’oublies pas, toi qui est arrivé jusqu’ici, la seule personne avec qui tu devras vivre jusqu’à la fin de ta vie, c’est TOI et seulement TOI.

Apprend à te découvrir, oublie les autres et trouve celui ou celle que tu veux être, tu verras comme ça sera bien !

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